La présidence de Donald Trump s’inscrit donc dans une approche agressive de la négociation commerciale. La menace des taxes douanières est en effet utilisée comme levier de pression. Cette stratégie, qui rappelle les luttes de pouvoir de Game of Thrones, « Tariffs are coming » titre à cet égard le site d’informations « The Conversation », vise à contraindre les partenaires économiques des États-Unis à céder à leurs exigences sous peine de lourdes sanctions commerciales. Négocier à la casse : effet garanti ou boomerang ?
Trump réinvente le chantage économique… Dès son retour à la Maison-Blanche, le président US a immédiatement annoncé des droits de douane de 25 % sur les importations canadiennes et mexicaines (hors produits énergétiques) et une hausse de 10 points des taxes sur les produits chinois. Officiellement, ces mesures visent à lutter contre l’immigration illégale et le trafic de fentanyl, mais elles s’inscrivent surtout dans une logique protectionniste visant à renforcer l’industrie américaine.
Face à cette menace, Ottawa et Mexico ont obtenu un mois de sursis en échange de concessions majeures, notamment le déploiement de 10 000 militaires à leurs frontières et un financement accru de la lutte antidrogue. Ce type de négociation par la contrainte n’est pas inédit chez Trump, qui avait déjà utilisé cette approche lors de sa première présidence pour renégocier l’accord de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique.
Si cette tactique semble efficace à court terme, ses effets économiques sont préoccupants. Selon les prévisions du CEPII, principal centre français de recherche et d'expertise en économie internationale, le PIB du Canada pourrait chuter de 3 % et celui du Mexique de 7,2 % d’ici 2030 en raison des restrictions commerciales imposées par Washington. En cas de représailles tarifaires de ces pays, les pertes atteindraient respectivement 4,6 % et 9,3 %, impactant fortement des secteurs clés comme l’automobile et l’électronique.
Aux États-Unis, l’impact économique serait plus modéré (-0,4 % du PIB, -0,9 % en cas de riposte), mais les coûts cachés sont nombreux : augmentation des prix pour les consommateurs, perturbation des chaînes de production et affaiblissement des liens commerciaux à long terme.
Si la stratégie de Trump peut fonctionner face à des partenaires économiques plus petits, elle devient risquée face à la Chine et l’Union Européenne. Pékin a déjà annoncé des mesures de rétorsion incluant des restrictions sur les exportations de minerais et pourquoi pas, une dévaluation du yuan. Bruxelles, de son côté, prépare une riposte tarifaire ciblant plusieurs secteurs stratégiques américains.
En multipliant les menaces commerciales, les États-Unis risquent d’être perçus comme un partenaire peu fiable, poussant leurs alliés à diversifier leurs relations économiques. L’UE, par exemple, accélère ses accords de libre-échange avec le Mercosur, l’Inde et l’Indonésie pour réduire sa dépendance au marché américain.
L’utilisation systématique de la menace en négociation est un pari risqué. Si elle peut permettre d’obtenir des concessions immédiates, elle fragilise les relations commerciales et incite les partenaires à chercher des alternatives. À terme, les États-Unis pourraient voir leur influence économique s’éroder au profit d’autres puissances capables d’offrir plus de stabilité et de prévisibilité dans leurs échanges.
En voulant imposer un rapport de force permanent, Trump pourrait bien finir par isoler l’Amérique sur la scène économique mondiale. « La doctrine Trump est simple : c’est la force » martelait-il sur CNN en 2016. Mais les coups de force ne marchent pas à tous les coups et ils ont un coût ! Les relations internationales ne se jouent pas au poker, surtout quand l’on est poussé à rebattre les cartes du même jeu.