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La conférence de Yalta : une négociation sur le partage du monde ?

Xavier Debril
SW250206 Yalta
© Pexels

« Contrairement à la légende, aucun partage du monde ne fut décidé à Yalta, il y a 80 ans. La conférence, qui s’ouvrit le 4 février 1945, ne fut qu’une étape dans un processus lancé par l’alliance des Anglo-Américains avec l’URSS » explique l’écrivain et journaliste Jean Sévillia, dans le Figaro. Yalta, un marchandage entre grandes puissances qui trouve une résonance particulière avec l’actualité internationale et les négociations à Ryad entre les États-Unis et la Russie.

Février 1945. Alors que la Seconde Guerre mondiale touche à sa fin, les dirigeants des trois grandes puissances alliées – Roosevelt pour les États-Unis, Churchill pour le Royaume-Uni et Staline pour l’URSS – se réunissent à Yalta, en Crimée. Leur objectif : dessiner les contours du monde d’après-guerre et établir un nouvel ordre international. Mais cette conférence fut-t-elle une véritable négociation ou un simple partage du monde entre vainqueurs ?

D’un côté, Yalta symbolise une tentative de coopération entre alliés pour éviter les erreurs du passé. Les discussions portent sur la création de l’ONU, censée garantir une paix durable, et sur l’organisation des futures élections dans les pays libérés. Le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est affirmé, du moins en apparence.

Mais dans les faits, la conférence consacre surtout la division du monde en sphères d’influence. L’Europe de l’Est tombe sous le contrôle soviétique, avec l’aval des Occidentaux, qui obtiennent en échange certaines garanties pour la France et des engagements militaires contre le Japon. L’Allemagne, elle, est divisée en zones d’occupation, prémices de la Guerre froide. La négociation tourne ainsi rapidement au marchandage entre puissances, où chacun cherche à asseoir ses intérêts.

Yalta n’est donc pas un simple « partage du monde », mais pas non plus une négociation purement équilibrée. Elle marque la fin d’une alliance pragmatique contre l’Allemagne nazie et le début d’un affrontement idéologique entre Est et Ouest. Une paix imposée par les vainqueurs, qui portait en germe les tensions futures. « Dans les faits, ces accords n’avaient été qu’une étape parmi d’autres dans la construction de ce «rideau de fer» entre le monde libre et le monde communiste » souligne Jean Sévillia.

Que dire des négociations qui semblent se préciser au sujet de l’Ukraine entre seulement les Etats-Unis et la Russie ? Que l’histoire se répète et que seuls les grands de ce monde peuvent s’asseoir à une table de négociation… au mépris des autres ? L’histoire continue d’éclairer le présent sans que l’on en connaisse les zones d’ombres, juste les sphères d’influence, celles-là même qui conduisent aux meilleurs profits et opportunités. La realpolitik a encore de beaux jours devant elle et la colombe de la paix risque de payer cher son rameau d’olivier.

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