Silence dans les rangs du milliard d’utilisateurs de TikTok, c’est ce que vient de décider Universal Music Group (UMG) en bloquant l’accès à son gigantesque catalogue à la non moins colossale plateforme chinoise. Une rupture largement médiatisée et qui fait suite à l’échec des négociations entre les deux géants.
Depuis le 1er février, les utilisateurs sont donc privés de l’accès au principal catalogue musical international. Impossible donc d’écouter sur TikTok, The Beatles, Taylor Swift, Black Eyed Peas, Eminem ou soyons chauvin, Johnny Hallyday et Mylène Farmer… et bien d’autres encore. Idem pour les vidéos : plus de son, ni d’image, y compris sur de nouvelles négociations, alors que les premières filaient droit dans le mur… du silence.
Cette rupture fait donc suite à l'expiration de l'accord de licence entre UMG et TikTok, survenue le 31 janvier. Accord qui n’a pu être renouvelé en raison de profondes divergences sur la rémunération des artistes et des auteurs-compositeurs, ainsi que sur des questions de sécurité en ligne pour les utilisateurs. Également exprimées par Universal, des préoccupations concernant la présence d'enregistrements générés par l'intelligence artificielle, ainsi que sur le manque de mesures de lutte contre les violations des droits des artistes.
Par voie de presse, Universal a donc accusé TikTok de tenter de sous-estimer la valeur de la musique en proposant des accords financiers bien en deçà du marché. Du tac au tac, TikTok a répliqué sur la fausseté de ces accusations affirmant que Universal avait choisi de sacrifier le potentiel de promotion offert par sa plateforme au profit de ses propres intérêts financiers. La plateforme chinoise a même stigmatisé la « cupidité » de son ex-partenaire américain. Malgré l'importance de TikTok en tant que tremplin pour les artistes émergents et outil de promotion pour les labels musicaux, Universal a souligné que le contrat avec la plateforme ne représentait qu'une infime fraction de son chiffre d'affaires total (1% du CA, source : L’Express).
La coupure d’accès à un service numérique, une menace parfois mise à exécution pour peser sur des négociations en cours. Ainsi en 2018, Orange avait décidé de ne plus diffuser les chaines du Groupe TF1 sur sa plateforme, au motif de droits de diffusion exorbitants. Même tactique pour Canal + en 2022. Les premiers impactés : les utilisateurs. Des accords ont depuis été trouvés. Dans l’affaire UMG – TikTok, on en semble loin. Mais la question invoquée de la rémunération des droits d’auteur n’en cache-t-elle pas une autre relevant de la géopolitique et de rapports sino-américains se durcissant ? Rappelons que la plateforme chinoise est accusée outre-Atlantique, d’être « un cheval de Troie de Pékin » (Source : 01Net). Là on ne parle plus de loisirs mais de sécurité intérieure. Dur, dur pour la réputation du réseau social préféré des moins de 20 ans !
La musique adoucira-t-elle les mœurs poussant à de nouvelles négociations entre Universal et TikTok ? Pour le moment, entre les deux géants, on semble en rester au silence radio… au grand dam des utilisateurs qui ne l’entendent pas de cette oreillette !