Enfin un consensus à la COP28 à Dubaï. Qualifié par certains d’historique, ce compromis arraché après de longues nuits de négociations, marque une première dans les conférences sur le climat appelant à « une transition hors des énergies fossiles » pour lutter contre le réchauffement climatique. Constatation dans ces négociations menées au forceps, la constitution de blocs de pays regroupés par intérêts, mais parfois aussi divisés par les tensions géopolitiques.
Rédigé minutieusement par les Émiratis, ce compromis appelle donc à une transition progressive et équitable hors des énergies fossiles, accélérant les actions durant cette décennie critique pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, alignée sur les préconisations scientifiques. L'Union européenne et d'autres pays réclamaient une action accélérée dès cette décennie, une exigence intégrée dans ce texte.
Comme le précise Capital, « la France a salué « une victoire du multilatéralisme et de la diplomatie climatique », par la voix de sa ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, présente à Dubaï ». Mais derrière ce multilatéralisme et cette diplomatie climatique, s’illustre également, souligne le magazine Géo, « un bras de fer entre différents blocs de pays, regroupés pour des raisons administratives : africain, arabe, asiatique, européen de l'Est, occidental (Europe de l'Ouest, États-Unis, Canada, Australie...), Amérique latine et Caraïbes. Mais des coalitions d'intérêts plus ou moins informelles se sont créées au fil du temps autour de l'Union européenne, des pays les moins avancés ou des États insulaires ».
Certains blocs sont hérités du passé (G77), d'autres émergent lors des négociations climatiques. Les alliances entre blocs varient selon les propositions et les difficultés rencontrées. De même, elles sont aussi impactées par les frictions géopolitiques, tout comme les pays en développement montrent rarement un front uni, sauf sur des questions spécifiques comme les pertes et dommages. Les principaux groupes de négociation incluent le G77, allié souvent à la Chine, qui agit non seulement au sein de la CCNUCC mais également dans d'autres forums de l'ONU.
« Les thèmes à négocier, poursuit Géo, sont transversaux et ne dépendent donc pas nécessairement de critères géographiques ou économiques : baisse des émissions, adaptation, financement, pertes et dommages climatiques subis par les pays vulnérables... C’est dire la complexité des négociations de la COP28 dont les alliances peuvent évoluer comme dans une partie du célèbre jeu de Risk… Cependant, le risque est là bien réel, ce dont le monde entier convient face à un avenir qui lui ne ressemble pas à une partie de plaisir.
La terre se réchauffe, les esprits s’échauffent, mais les enjeux ne refroidissent pas. Nuance sémantique d’importance, le texte du compromis préfère parler de « transitioning away » (s'éloigner) plutôt que de « phase-out » (sortie) des combustibles fossiles tels que le pétrole, le gaz et le charbon. Peut-être que cet « éloignement » adopté par tous, nous rapproche-t-il enfin d’une action mondiale concertée. Mais la sémantique ne fait pas le concret. Souhaitons qu’elle y contribue de manière « durable ».