À l’aulne de la guerre qui frappe l’Ukraine depuis 15 mois et bouleverse l’équilibre international, avec toutes les réserves qu’exige la vérité, tant nous en avons une vision parcellaire, une évidence : l’usage de la force est moins fort qu’il n’y parait.
« De la compétence à l’incompétence militaire » est un célèbre ouvrage de Norman F. Dixon, psychologue spécialiste des questions militaires, paru à la fin des années 70 (Ed. Rombaldi). L’auteur s’y livre à un brillant exposé concrètement argumenté sur les raisons des défaites des plus grands généraux. L’usage inconsidéré de la force conduit souvent à l’échec, tant sur le champ de bataille qu’autour de la table de négociation.
Norman F. Dixon revient dans ce livre sur un siècle d’erreurs militaires commises depuis le XIXème siècle, et y analyse ce qui a justifié les choix de grands chefs ayant conduit à des échecs catastrophiques et meurtriers.
En cause :
- L’excès de confiance en soi et la tendance à sous-estimer l’adversaire.
- Un manque de préparation et une mauvaise connaissance du terrain, de l’environnement et du contexte.
- Une prédilection pour l’attaque frontale et à l’endroit où l’adversaire est le plus fort.
- Une persistance obstinée à ne pas changer de cap quand nécessaire, à se remettre en question et à exploiter une situation. Le refus d’entendre certaines vérités, malgré des indices objectifs ou des avis « éclairés ». L’incapacité à exploiter des effets de surprise.
- Un goût certain pour les opérations difficiles et spectaculaires qui peuvent justifier l’échec. Un manque d’intérêt pour des actions plus simples aux risques moindres.
- Des leçons qui ne profitent pas. Le rejet de sa propre responsabilité dans l’échec sur d’autres, la malchance, l’imprévu, etc.
Une liste non exhaustive pour tout négociateur talentueux qui choisira d’être le meilleur, plutôt que le « plus fort » !