La Fontaine, nous boirons toujours de son eau ! Tant ses fables n’ont pas vieilli d’une rime et de ces métaphores de nous-même. Rien ne sert de courir, il faut négocier à point ! Une morale à la fois inspirante et digne d’enseignements. Alors, lapin et/ou tortue ?
Le lapin sûr de son fait, roule des mécaniques et fait le fier, tout est dans le paraître. Se préparer, inutile. Son expérience lui suffit, son statut de performer en impose. La tortue, c’est l’outsider, elle suit son bonhomme de chemin, déterminée à atteindre son objectif bon gré mal gré. Entrainée, elle a déjà reconnu le terrain, jaugé les obstacles, étudier les moyens de les contourner. Tandis que le lapin lui procrastine, flâne, joue à la cigale… autre fable mais aussi un peu la sienne.
En apparence, donc le pot de fer contre le pot de terre, et pourtant une fois franchie la ligne de départ, la tortue prend de l’avance tant elle s’est conditionnée pour tenter d’être la première à la ligne d’arrivée. Lentement mais sûrement, elle va progresser. Elle joue sur la durée, son endurance, sa connaissance exhaustive du tracé. Rien ne pourrait la détourner, trop concentrée sur l’objectif, peut-être pas assez sur l’instant présent et les signaux que lui renvoie la partie adverse ou même l’extérieur.
Tandis que son adversaire, lui, attend le moment qui lui convient avant de se lancer dans une course qu’il pense dominer. Il est donc mal parti ! Il peut cependant encore gagner, s’il ne confond pas vitesse et précipitation, s’il provoque même un ajournement pour recouvrer le sens des réalités.
Ainsi va la négociation, une route en apparence bien dessinée mais pourtant semée d’obstacles : l’inattendu ou les fluctuations du contexte, y compris émotionnel.
Aller trop vite en besogne ou prendre son temps, quel est le bon tempo ? Aller trop vite, ce serait manquer une opportunité. Laisser venir et trop attendre, en rater une autre. Tout est question d’équilibre, d’adéquation avec sa propre stratégie et de mise en parallèle avec le déroulement de la négociation.
Lapin ou tortue, à l’issue de la négociation, tous deux doivent en sortir gagnants. Si rien ne sert de courir, il faut partir à point sous peine de tout recommencer à zéro mais aussi savoir rebondir en temps réel quitte à changer de route tout en en gardant à l’esprit l’objectif convoité.
Une certitude, ce n’est pas la course qui fait la négociation, mais l’accord final qui en détermine le tracé et surtout les modalités. Il ne ressemble en rien à un podium.
Confiance en soi sans excès, solide préparation, faculté à rebondir et à improviser, détermination mais empathie, sens des réalités et du dialogue, art de concéder sans céder… le lapin gagnerait à bien connaitre et s’inspirer de la tortue, et réciproquement !