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Négo Book : « Négocier avec le diable ».

Xavier Debril
Négo Book « Négocier Avec Le Diable »
© DR

Guerre en Ukraine : le président Emmanuel Macron évoquait hier à Rome une « perspective de paix » tout en soulignant que « la paix se bâtira avec l’autre, qui est l’ennemi d’aujourd’hui, autour d’une table ». Cette table de négociation, le monde entier l’espère tout en restant lucide. À l’aulne de cette actualité ô combien brûlante et anxiogène, Pierre Hazan nous livre un brillant essai : « Négocier avec le diable. La médiation dans les conflits armés ».

Ancien journaliste, Pierre Hazan est conseiller en matière de justice de transition auprès du Centre pour le Dialogue Humanitaire, l’une des principales organisations actives dans la médiation des conflits armés. Il a conseillé des organisations internationales, et des gouvernements et a collaboré au Haut-Commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme ainsi que pour les Nations unies dans les Balkans. Il a aussi travaillé dans de nombreuses zones de conflit en Afrique, au Proche-Orient et en Europe. 

Avec ce 8ème livre, cet humanitaire à travers ses expériences personnelles, son témoignage et sa fine analyse de l’histoire, montre toutes les limites de l’art de la négociation avec des terroristes ou des régimes autocratiques. « Des partenaires peu fréquentables mais avec lesquels il faut poursuivre le dialogue », (Le Monde) ». Quel est le sens de cette quête du dialogue dans un monde toujours chaotique où l’occident n’est plus hégémonique, tente-t-il de répondre.

« Travailler dans la médiation des conflits armés, c’est s’enfoncer dans un brouillard – celui de la recherche de la paix-. C’est cheminer sur une ligne de crête entre les belligérants pour qui trop souvent la fin justifie les moyens et des médiateurs ou des humanitaires qui tentent de limiter les souffrances dues à la guerre. Jusqu’où négocier avec de tels interlocuteurs ? Faut-il accepter de négocier avec le diable et si oui, avec quels risques ? », Pierre Hazan nous propose ici ce qu’il qualifie de « boussole morale » tâtonnant dans un monde violent et en pleine recomposition.

Dans de tels contextes, comment réussir une médiation ? « Ce serait formidable s’il y avait une recette ! » répond l’humanitaire dans une interview de Pascal Boniface, publiée dans les colonnes de l’IRIS. « Il me semble important de souligner deux points, reprend l’auteur, un de nature pratique, l’autre de nature éthique. Le premier point, c’est que dans le cours d’un conflit, il y a généralement une succession de médiations qui interviennent pour une pluralité de raisons : obtenir un accès humanitaire à des populations assiégées, conclure des trêves, faciliter des échanges de prisonniers. Le second point engage selon moi l’éthique de responsabilité du médiateur.  Celui-ci ne doit pas se laisser manipuler par l’une ou l’autre des parties, ce qu’elles ne manqueront pas de faire, avec le risque pour lui de glisser du compromis à la compromission. Le médiateur doit s’en tenir à son éthique de responsabilité.

Négocier avec le diable, comme le titre Le Monde : « préférer le mauvais au pire ».

 

Négocier avec le diable, la médiation dans les conflits armés. Pierre Hazan. Éditions Textuel, 17,90 €

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