Après dix mois d’horreur, le mot négociation semble timidement faire son apparition dans la bouche de certaines instances politiques et dans les médias. Mais malgré l’hiver, la guerre ne faiblit pas… et les effets de manche non plus.
Poutine souffle le chaud et le froid dans tous les sens du terme. Le chaud quand il se dit ouvert à de possibles pourparlers tout en cherchant à tirer son épingle du « jeu » militaire ; le froid, quand les capacités énergétiques ukrainiennes sont constamment pilonnées pour condamner le pays et ses habitants au gel et à l’obscurité.
Un jour, le président russe affirme que « les affrontements dureront encore longtemps » ; un autre, il évoque l’éventualité de frappes nucléaires ; et ce vendredi, il annonce « qu’au final, il faudra trouver un accord, qu’il est ouvert et serait prêt à des arrangements ».
Comme le souligne France Info, « la Russie peut-elle ouvrir des négociations alors que le rapport de force lui est défavorable ? Peu de chances qu’à ce stade Vladimir Poutine se lance dans des négociations sérieuses. La priorité, à court terme, conclut la radio d’informations, reste de reprendre le dessus sur le terrain militaire ».
Quant aux États-Unis, ils « encouragent l’Ukraine à envisager des négociations pour garder ses soutiens » (Le Figaro), il est vrai que l’aide massive des Américains connait sur place un vent de contestation. Washington souhaiterait que le président Zelenski « assouplisse » sa position « qui consiste depuis l’annexion de quatre territoires ukrainiens à refuser toute discussion tant que son homologue russe n’est pas démis de ses fonctions. « Une volonté qui inquiète selon des responsables américains beaucoup de pays d’Afrique, d’Europe et d’Amérique Latine ».
D’après Jean de Gliniasty (interview publiée par l’IRIS le 2/12/22) : « Nous sommes donc actuellement dans une phase préliminaire. Mais, si on ajoute aux déclarations américaines, la fatigue de la guerre qui s’est manifestée avec une réelle unanimité à Bali, le fait que les Russes, pour des raisons évidentes, ont intérêt à la négociation, on sent effectivement monter un bruit de fond disant qu’il est temps de négocier. »
Une chose est sûre, si les armes parlent encore comme jamais, la négociation fait aussi parler d’elle. Puisse-t-elle obtenir gain de cause.