Suite à son échec aux élections législatives, le parti présidentiel entre dans une logique de recherche de compromis… et qui dit compromis, dit négociation préalable. Encore faut-il que les parties prenantes auréolées de leur succès d’hier en aient l’envie. Mais parfois nécessité fait loi… pour que celle-ci se vote pour le bien de tous !
La Première ministre, Élisabeth Borne reconnaissant que « les sensibilités multiples devront être associées », appelle à « construire des compromis afin d’agir au service de la France », Bruno Lemaire, Ministre de l’économie et des finances, parle d’une même voix : « J'appelle au sens des responsabilités de chacun, il faut éviter le blocage", déclare-t-il sur France 2, invitant à "dialoguer", "écouter", "prendre en considération" les idées "des hommes et des femmes qui se retrouvent dans le projet du président de la République". Aurore Bergé, députée LREM des Yvelines, reconnait quant à elle, « qu’il va falloir aller chercher des compromis pour chaque texte, notamment les plus importants". Idem pour le sénateur Pierre-Jean Verzelen (République et Territoires) : « la situation inédite de ce scrutin va imposer une culture du compromis ».
Face à une situation inédite, le terme compromis semble sur toutes les bouches, pour le moment du parti présidentiel… dont l’action est largement compromise. Jeu de mot certes paradoxal mais qui synthétise en lui seul une situation qui pour évoluer ne peut se mener de manière unilatérale mais dans une volonté d’ouverture et d’échanges « constructifs ». Mais porte ouverte, ne signifie pas aussi ouvrir une boite de Pandore dont le pays ferait les frais. A chaque famille politique d’assumer ses responsabilités pour servir l’intérêt général plutôt qu’une logique partisane… de plus dans un contexte international particulièrement violent et anxiogène.
Définition du compromis : arrangement dans lequel on se fait des concessions mutuelles. Les archives de l’ENA (devenue INSP) soulignent que « faire un compromis, c’est abandonner une partie de ce que l’on considère à soi et faire abandonner une partie de ce que l’autre considère à lui pour créer une zone d’accord et se retrouver un peu gagnant-un peu gagnant, soit un peu perdant-un peu perdant, selon que l’on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide ». Autrement dit, il y a de grande chance qu’au terme d’une telle négociation, l’on ne soit pas totalement satisfait de l’accord, voire frustré ». Il s’agit donc de prendre de la hauteur et du recul, les enjeux qui attendent nos élus le commandent.
Les prochaines semaines, à défaut de la lune, nous promettent bien des effets de manche mais sans doute aussi des rapprochements, formulons le vœu que les négociations s’annonçant en coulisses soient à la mesure du sens des responsabilités nationales qu’elles exigent plutôt que d’un vulgaire marchandage partisan.
Compromis, un double sens qui oblige à y réfléchir à deux fois !