C’est devenu une habitude, avant chaque importante période de vacances, les revendications, fussent-elles légitimes, font entendre toute leur détermination à coup de préavis de grève. Menacer de prendre en otage les usagers, une manière de forcer la porte des négociations mais aussi de la claquer pour faire encore plus pression avant que ladite porte ne s’entrouvre à nouveau dans le sens qui convient.
Aux dernières nouvelles, évoque Sud-Ouest, les négociations ont échoué et le trafic TGV Sud-Est sera très dégradé pour les départs en vacances de Noël. Si chaque partie en rejette la faute sur l’autre et que les effets de manches abondent dans les médias, beaucoup de journaux s’accordent sur une hypothétique lueur d’espoir que représente la nécessité de trouver un compromis auquel chacun semble attaché mais pas à n’importe quelles conditions.
Nous sommes bien là face à une impasse, cette tactique de négociation particulièrement efficace quant il s’agit d’exercer une pression sur l’autre partie alors qu’elle a une date limite à ne pas dépasser, en l’occurrence ici vendredi prochain, jour de départ des vacances de Noël. Le risque étant l’escalade du conflit, la surenchère (y compris verbale) et des dégâts à long terme (la concurrence italienne arrive).
En matière de techniques de négociation, comment sortir d’une impasse ? Quand chacun campe sur ses positions et considère que le statu quo est une position idéale, il est impératif de reprendre l’initiative avec des propositions qui permettront de sortir de l’argumentation. Enrayer le statu quo, c’est reprendre l’avantage. Indispensable également que chacun puisse sauver la face, d’établir des contacts informels, d’introduire de nouvelles variables qui se substituent à l’impasse, de reformuler les demandes et de reconditionner les propositions.
Des précieux conseils valables dans un monde idéal où les trains partiraient et arriveraient à l’heure, où le bon sens serait toujours sur de bons rails et où les passagers pris en otage ne resteraient pas à quai à attendre le bon vouloir de ceux pour qui l’esprit de Noël n’est qu’une vue de… l’esprit.
Cette célèbre citation de Françoise Giroud est toujours d’actualité : « C’est un drôle de pays, la France, où les négociations ont toujours lieu après le déclenchement des grèves et non avant ». Un drôle de pays qui dans un tel contexte, ne prête pas à sourire. Souhaitons donc que ces négociations reprennent et aboutissent avant la date fatidique.
Des trains qui marchent, cela ne devrait pas relever de l’exceptionnel et encore moins d’un cadeau de Noël.