A l’heure où la froidure hivernale commence à nous engourdir, dégourdissons-nous en nous intéressant au « parler météo », une manière de réchauffer les relations sans pour autant faire la pluie et le beau temps dans une négociation ?
D’après Nicolas Tenaillon de l’excellent Philosophie Magazine (N°134 – Novembre 2019), « évoquer le temps qu’il fait, c’est, a priori, parler pour ne rien dire ». Mais « derrière ce sujet apparemment anodin » peuvent se cacher de réelles intentions. Favoriser la communication en est une.
Selon le penseur et linguiste russe Roman Jakobson explique Philosophie Magazine, discours convenu par excellence, le parler météo est une manière de s’assurer que « le récepteur est bien connecté à l’énonciateur ». Fonction phatique du langage : Ainsi Roman Jakobson désigne dans ses Essais de linguistique générale cette « tendance à communiquer précédant la capacité d’émettre ou de recevoir des messages porteurs d’information ».
En bref, une entrée en matière en apparence futile qui permettrait de nouer le contact avec son interlocuteur et de vérifier qu’il est à l’écoute avant d’entrer dans le vif du sujet.
A l’inverse et toujours d’après Philosophie Magazine, « engager la conversation sur le temps qu’il fait peut aussi faire comprendre à l’autre que l’on ira pas plus loin dans les échanges à venir ». C’est la thèse que soutient le sociologue Erving Goffman dans son ouvrage Façons de parler. Exemple : votre interlocuteur vous annonce que certes il neige, mais qu’il n’a pas le temps de se préoccuper de la météo. Donc encore moins à ce que vous allez lui dire. Il s’agit là d’une affirmation de volonté de non-communication… pas facile donc de négocier, si on est seul à le faire !
Parler météo, finalement une manière de lire le thermomètre des intentions de l’autre pour prendre la température de la future négociation… Et vous la souhaitez loin du chaud et du froid.
Rompre la glace ou laisser le brouillard s’installer… A chacun de voir comment permettre à ses objectifs de se faire une place au soleil !