C’est donc le charismatique et trublion Bojo, comme les Anglais le surnomment, qui devient aujourd’hui l’hôte du 10 Downing Street. Si le nouveau Premier ministre britannique fut l’un des farouches promoteurs du Brexit, aux arguments de communication controversés, il lui appartient donc désormais de reprendre les négociations du Brexit… Mais l’UE faisait savoir en juin qu’elle ne renégocierait pas le traité de sortie conclu en novembre. Nouveaux effets de manche de part et d’autre de la Manche ?
L’ancien journaliste et Maire de Londres, par ailleurs auteur d’une talentueuse biographie de Churchill, son idole, n’est pas à une contradiction près. « J’ai autant de chances de devenir Premier ministre que de me réincarner en olive » s’écriait-il par le passé. Mais maintenant qu’il occupe le siège de son cher « Winston », il se trouve vraiment face à ses responsabilités, il a donc rendez-vous avec l’histoire… et avec l’Europe pour « bien » ou « mieux » la quitter ?
Sur France Infos, Patrick Martin-Grenier, professeur à Science Po et spécialiste de l’Europe et des relations internationales, affirme ce jour qu’à la différence de Donald Trump auquel on aime le comparer, Boris Johnson ne fera pas ce qu’il dit et qu’il changera d’opinion. « Par exemple, il a dit qu’il voulait sortir quoiqu’il arrive le 31 octobre de l’UE. Mais en réalité, il va peut-être trouver un accord à l’arraché et peut-être encore trahir ses troupes. Il a tout fait pour être élu Premier ministre en disant qu’il n’y aura pas d’accord, et au final, il est capable d’aller trouver un accord avec Bruxelles ».
D’autant que la position de l’Europe est pour le moment claire rappelle Europe 1 : « le président du Conseil européen Donald Tusk s'est dit "absolument certain" que les nominations de mardi ne changeraient rien pour l'accord de retrait que l'UE refuse de renégocier ». Il ne faut pas avoir peur d’un « no-deal » évoque quant à lui le Président de la République Emmanuel Macron.
Si les positions semblent nettes côté européen, elles sont plus délicates outre-manche… en effet la majorité du nouveau Premier ministre est courte et difficile à tenir. De nombreux députés conservateurs sont opposés à une sortie de l’UE sans accord… La balle est donc bien dans le camp de Bojo.
Si pour lui le Brexit fut un marchepied, c’est désormais un casse-tête qui lui promet quelques crochepieds ! « Comment un seul homme a fait l’histoire » Boris Johnson sous-titrait son Winston (Stock), just do it ! Et c’est maintenant.
Reste qu’en matière d’histoire de la négociation, le Brexit mérite les plus beaux chapitres du XXIème siècle… De toute évidence, ils ne sont pas encore tous écrits !