A l’heure où des larmes de joies coulent encore sur les joues de la Maire de Paris, intéressons-nous aux coulisses d’une négociation dont l’on ne peut que se féliciter de l’issue. Un réconfort pour retrouver une forme olympique durant les 90 heures par an passées dans les embouteillages parisiens !
Un siècle après la dernière édition des Jeux à Paris, c’est donc officiel, la capitale française accueillera les JO 2024, tandis que Los Angeles recevra ceux de 2028. Comment la Ville lumière l’a t-elle emporté face à la Cité des Anges ? Revue de presse analytique depuis un excellent article de Challenge.fr publié en juillet dernier.
En juillet, Tony Estanguet dans Challenges.fr justifiait la double attribution décidée par le CIO : Il s’agissait en effet d’éviter de perdre « deux excellentes candidatures ». Des négociations tripartites eurent donc lieu cet été entre le CIO, Paris et Los Angeles afin de décider de l’ordre d’attribution. « Une occasion en or de ne faire que des gagnants » martèle alors Thomas Bach, président du CIO, cité par Challenge.fr. Cette formule illustre bien le principe qui doit conduire toute négociation : la logique gagnant-gagnant, ou mieux satisfaisante pour chaque partie.
Comment Paris s’est-elle imposée en grande favorite pour 2024 ? s’interroge le site d’informations. « Techniquement les deux villes de classe mondiale dixit le CIO, ont chacune présenté un dossier exceptionnel ».
La France semble avoir prix un avantage décisif avec l’élection de d’Emmanuel Macron à la présidence de la République. Celui-ci s’est particulièrement investi dans le dossier et bénéficie d’une excellente image à l’international, au contraire de son homologue américain. La politique s’invite aussi dans l’olympisme, autant que la qualité des dossiers de candidature…
Paris ne voulait et ne pouvait pas se présenter en 2028. « Les Français ont adopté une ligne intransigeante, ne cessant de répéter que leur projet ne concernait que 2024. Arguments : foncier plus disponible au delà de 2024, soutien financier des pouvoirs publics aléatoire dans la durée et… le caractère symbolique du centenaire. Tout cela à mettre en perspective avec la constance de sa candidature (à trois reprises). Cette intransigeance en matière de technique de négociation relève donc du « non négociable ». Une condition préalable qui exige aussi des contreparties de la part du CIO vis à vis de l’autre ville candidate.
Los Angeles n’a pas souhaité utilisé la stratégie du « maintenant ou jamais » adoptée par sa rivale, la considérant comme un ultimatum et par là même signifiant qu’elle envisageait d’accepter 2028. Contrepartie : une rallonge financière de la part du CIO pour contribuer plus fortement au budget d’organisation… « Un renoncement américain aux JO de 2024, implique l’obtention de compensations » rappelle le site lesechos.fr. Rallonge considérée comme justifiée par le mouvement olympique, conscient du fardeau imposé aux villes hôtes. Prise de conscience cependant tempérée par Thomas Bach qui déclare : « je ne pense pas que vous ayez besoin de récompenser quelqu’un à qui vous offrez un cadeau ». La technique est claire : mettre la pression via les médias, maintenir le suspense et ne pas décrédibiliser le pouvoir de vote du CIO.
Quant à Paris, elle continuera de jouer durant l’été la carte de la modestie et de la mobilisation, tenant compte des leçons du passé et du risque d’une position d’ultra-favori. Encore une illustration de la bonne attitude en matière de négociation : empathie, courtoisie, humilité, dialogue soutenu avec la partie adverse mais fermeté des positions.
Ainsi Jean-François Martins, adjoint à la maire de Paris en charge des sports, en charge des négociations avec LA explique dans 20minutes.fr que « Le plus important dans la négociation, c’est la volonté des trois acteurs [Paris, Los Angeles et le CIO], de la faire aboutir. Ce qu’on ressent, c’est que tout le monde a envie d’y arriver. Il faudra ouvrir des portes, en fermer certaines autres, pour que tout le monde soit gagnant. »
Paris a donc « gagné »… et chaque partie est « satisfaite ». Déjà une bien belle médaille d’or de la négociation.