Le plan britannique de négociation de sortie de l’Union européenne débattu en place publique ! Discrétion ou transparence, Paul Gribbell, consultant Scotwork en France et sujet britannique, tranche dans le « bacon » et nous montre tous les avantages à être « clear » sur ses intentions.
Sous peine de révolte parlementaire, la première Ministre du Royaume-Uni, Theresa May, a été obligée de dévoiler son plan de négociation au parlement britannique avant d’activer en mars 2017 l’Article 50 du Traité de Lisbonne qui permet à un pays membre de quitter l’Union européenne.
Anglais de naissance, mais résident en France depuis plus de 15 ans, la relation future entre mon pays d’origine et le pays dans lequel j’ai choisi d’habiter, est loin d’être pour moi anodine.
Il y a quelques jours encore, la première Ministre insistait sur la nécessité de négocier dans la discrétion. Or, avant le lancement de la procédure de divorce, il y aura un débat parlementaire télévisé sur la question donc stratégie, tactiques et objectifs de négociation n’auront plus de secret pour personne.
« Énorme préjudice pour l’équipe de négociation côté britannique ! » s’insurgent les partisans du Brexit.
Ont-ils réellement raison ? Peut-être que « Non » !
De son côté, Michel Barnier, le négociateur en chef de l’U.E., a bien expliqué que l’accord de sortie devra se compléter pendant 18 mois. La montre ne joue donc pas en faveur de Mme May.
D’où le fait que la première Ministre britannique n’ait aucun intérêt à cacher trop longtemps son jeu après le lancement du compte à rebours. Il n’est évidemment pas dans les intérêts du Royaume-Uni (ni des pays de l’U.E. d’ailleurs) d’entamer une négociation conflictuelle qui les entrainerait tous dans une spirale perdant-perdant.
Une formulation claire et visible des objectifs et des souhaits du gouvernement britannique, en précisant les conditions des zones éventuelles de flexibilité et une collaboration, c’est peut-être la meilleure manière pour l’équipe de Theresa May de bien entamer ces négociations.
Bien évidemment, quand la partie adverse prend une posture agressive et menaçante, brandissant certaines « conséquences », il et préférable de ne pas dévoiler ses limites sur chaque point de négociation. Les Britanniques ont donc surtout intérêt à vite expliquer ce qu’ils veulent dans les grandes lignes et à adopter une position publique collaborative et raisonnable. Objectif : couper l’herbe sous le pied de ceux qui visent un « divorce punitif » pour le Royaume-Uni et les décourager.
Ainsi, Theresa May ne risque pas grande chose à partager et faire valider par le parlement britannique sa stratégie d’ouverture.
Jouer carte sur table avant de s’asseoir à la table des négociations : est-ce livrer des informations-clés ou des scoops qui donneront un avantage à l’équipe de Michel Barnier ?
Bien au contraire, une telle transparence pourrait bien détendre l’atmosphère passionnelle et « touchy » qui pourrait paralyser le bon déroulé des futures négociations (toujours éviter l’affect).
Alors le Brexit, vers une « détente » cordiale… La détente, c’est aussi rebondir !
Paul Gribbell, consultant Scotwork en France.
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